INTERVIEW : Catherine HERMARY-VIEILLE                         

février 2007




Catherine Hermary-Vieille est à nouveau en librairie avec Le Gardien du phare, un roman très réussi qui, après des livres historiques dont Les Dames de Brières ou Le Crépuscule des rois, marque son retour à la fiction.

 Sourire élégant, elle reçoit dans son salon-salle à manger. Elle est de passage dans son pied-à-terre de l'immédiate banlieue ouest parisienne le reste du temps, elle vit avec son mari en Virginie, aux États-Unis. Depuis plus de vingt-cinq ans et Le Grand Vizir de la nuit qui lui valut le prix Femina en 1981, Catherine Hermary-Vieille enchaîne les livres et les succès sans faire partie de la famille littéraro-parisienne, c'est sa grande fierté.

 Le roman historique, source de grand succès pour ces dernières années, ne vous intéresse plus…
Vous le boudez…

J'avais envie surtout de revenir à la fiction. J'ai beaucoup écrit, ces dernières années, sur l'histoire. Et revenir pour raconter une histoire que j'avais en moi, ça m'intéressait vraiment…

 Franchement, vous étiez cataloguée comme romancière historique et on n'assimile pas vraiment cette étiquette comme partie intégrante de la littérature, de la vraie, belle et noble!

Disons plus simplement que je souhaitais rappeler que mon inspiration, ce n'est pas uniquement l'Histoire! Rappeler aussi que je suis avant tout romancière. Et que la fiction, je sais faire aussi! Ça tombait bien puisque le sujet du Gardien du phare, je l'avais en moi depuis longtemps, depuis sept, huit ans. Mais il ne pouvait pas sortir. Oui, c'est un livre de maturité. Un livre qui a couvé longtemps et que je n'aurai pas pu écrire à 25 ans…

Ce livre est arrivé en librairie, voilà peu mais le manuscrit est achevé depuis un long moment.
Les personnages du Gardien du phare vous occupent encore l'esprit?

C'est un vrai problème pour l'auteur. On a vécu, tout le temps de l'écriture, avec ces personnages ainsi, pour Le Gardien du phare, la rédaction du roman m'a pris une bonne année. Alors, on est lié à ce livre par un cordon ombilical. Et puis, il s'échappe peu à peu. C'est plus ou moins long, il ne disparaît jamais totalement et je ne commence jamais l'écriture d'un livre avant la parution du précédent!

 À quel moment avez-vous su que vous teniez l'histoire du Gardien du phare? Que vous pouviez passer à l'écriture?

C'est un processus très lent. J'écris dans ma maison en Virginie et quand je promène mes chiens dans la forêt, l'histoire s'impose à moi. Les personnages prennent leur propre vie. Et ensuite, j'ai trouvé que derrière ces trois personnages, derrière Anne, Mathilde et Camille, il y a encore une autre face à explorer…

Vous datez votre roman à partir du 2 novembre 1897. Était-ce nécessaire puisqu'à la lecture, ne transpire pas la moindre justification de cette datation?

J'ai situé l'histoire en 1897 pour que le lecteur puisse croire à un vrai récit. Il y a tout un voyage, toute la lenteur d'une traversée en mer, tout le temps nécessaire à différentes activités… Mais en même temps, on pourrait très bien imaginer ce texte aujourd'hui… En fait, j'ai voulu un roman, hors du temps.

 Un roman hors du temps, et tout empli de symboliques…

Il y a ces deux îles, à proximité de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Terre-Neuve au large du Canada. L'île aux Chiens pour signifier l'étroitesse de la société, tant pour la vie familiale que professionnelle. Là, on y mène une vie de peu. Et puis, les trois femmes échouent sur une île sauvage, un îlot hors du monde, hors du temps. Les trois jeunes femmes ne se connaissent pas, sont obligées de cohabiter. Et là, si on veut cohabiter, il faut aller à l'essentiel. Donc, exprimer les secrets. Le Gardien du phare, c'est aussi un essai de communication…

Propos recueillis par ©Serge Bressan

>A lire : Le Gardien du phare, de Catherine Hermary-Vieille. Albin Michel.

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