INTERVIEW : Maria PACÔME                         

Novembre 2007

M.Pacôme


Elle arrive, grognon. Deux heures de voiture pour rejoindre Paris, plus le taxi… Elle dit : « J’ai arrêté de fumer ». Puis prend une cigarette : « Depuis un an et demi, j’ai tenté d’arrêter. Bon, enfin, je fume ! » Et puis, Maria Pacôme, 84 ans depuis cet été, éclate de rire. L’air de dire à son interlocuteur du jour : « T’as bien cru que j’étais colère ! » Maria Pacôme telle qu’elle-même. Nature, sans chichi. Joueuse, toujours. Elle a fait le voyage de sa campagne vers la capitale (une vingtaine de kilomètres) pour parler. De son livre, Maria sans Pacôme avec une belle précision : Fiction autobiographique. Du cinéma, du théâtre. Du jeu de comédien. De l’écriture de pièces pour le théâtre. De quelques noms qui ont marqué sa carrière artistique. De la vie qui passe et de sa décision de dire, à un moment, « stop ». Et d’espérer que son fils François, enfin, lui fera cadeau d’un petit-enfant. Rencontre.

Et voilà, vous aussi Maria Pacôme, vous avez écrit votre livre ! Parce qu’aujourd’hui, tout le monde le fait ?
Depuis un moment, deux éditeurs me demandaient, je ne voyais pas l’intérêt et l’un d’eux a insisté. Je n’ai jamais eu une envie particulière d’écriture pour un livre de souvenirs. Oui, je sais, il y a des gens pour qui écrire un livre relève de l’urgence. Mais moi, je ne fonctionne pas ainsi. J’ai écrit des pièces de théâtre qui ont plutôt pas mal marché, j’ai le sens du dialogue- du moins, c’est ce qu’on me dit…

 Avec Maria sans Pacôme, vous vous sentez écrivain ?
Quand j’écrivais, arrivée à la 100ème page je me suis : « Peut-être que, maintenant, je vais aller au bout ». C’est bête de compter les pages mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Alors, à présent parce qu’il y a ce livre, je serai écrivain ? Attendez, on peut raconter une histoire sans être écrivain ! Moi, je suis très contente de mon bouquin. Et je sais très bien que si je n’avais pas été Maria Pacôme, aucun éditeur ne m’aurait demandé un livre. J’ai un petit nom dans le métier, mais ça m’aurait ennuyé qu’on me propose d’écrire juste à cause de ça ! En fait, mon éditeur m’a dit : « Ecrivez ce que vous avez envie d’écrire ».

 Restait alors à trouver la forme pour le récit…
Je la voulais simple mais, en même temps, originale. Pas question de raconter ma vie comme on le fait dans les autobiographies, année par année. Alors, j’ai trouvé un petit truc, je me suis inventé un personnage, Maria, qui est moi sans être complètement moi. Et puis, il y a Célestine, une jeune fille de 30 ans. Il y a aussi le village où je vis. Mon chien…

 Racontez-nous comment était Maria Pacôme petite fille ?
Mon père nous a élevés sévèrement mais bien. Oui, c’est ça, nous étions des enfants bien. Obéissants. Mais il y avait, en moi, la révolte. J’étais une enfant assez originale, l’école m’a toujours révulsée- elle me faisait peur. Je me suis réfugiée très tôt dans la lecture, je n’étais pas superdouée et j’étais solitaire…

Comment vous est venu le goût du théâtre ?
A 11 ans, on m’a envoyé dans une colonie de vacances en bord d’Atlantique, c’était La Maison du Soleil aux Sables-d’Olonnes. Je me suis échappée, la police m’a rattrapée... Et puis, une monitrice nous propose un atelier théâtre. J’avais choisi une pièce du Moyen Âge, j’étais sauvée : les autres m’ont admirée. J’ai su que j’avais en moi ce besoin de monter sur scène. Oui, je voulais qu’on me regarde.

Dès lors, vous avez la certitude que vous serez comédienne…
J’ai toujours pensé que j’étais capable de plein de choses. Mais ma grande passion, aujourd’hui encore, c’est la danse. Moi, je suis née sur les points ! J’ai pris des cours de danse mais je n’aurai jamais pu être danseuse. Mais la danse, c’est l’enfer… Alors, qu’est-ce que j’avais en moi, à part mes rêves ? Le théâtre, oui, mais ça c’est facile… Je me suis retrouvée au Cours Simon à Paris, j’ai regardé les autres. Je parle juste. Alors, j’ai eu la carrière que je mérite. Ni plus ni moins…

C’est de la modestie ? ou du regret ?
Je n’ai rien fait pour forcer le destin. Je n’ai jamais appelé un metteur en scène, un réalisateur. Aujourd’hui, je suis à la fin de ma vie et je crois comprendre mon attitude : je ne suis pas timide, je suis sauvage et complexée, peut-être… Je cherche pourquoi j’ai eu cette carrière mais je ne trouve pas… Peut-être parce que je suis « pétroleuse », mais c’est souvent pour rigoler. Parce que l’amusement est toujours passé en premier, chez moi dans ma vie.

Votre plus gros défaut ?
L’impatience.

Votre principale qualité ?
L’impatience !

Quand vous revoit-on sur scène ?
Mais c’est fini pour moi. Je ne veux plus avoir d’obligations. Et je sais que je suis une vieille dame mais, désolée, je n’y peux rien ! Je ne fais pas d’effort… On ne m’appelle pas- eh ! bien, tant pis, je reste dans ma campagne.

On a du mal à vous croire… On a l’impression qu’il y a comme une sorte de résignation…
J’ai toujours su que la vie est tellement courte. J’accepte la mort avec une telle philosophie que j’aime furieusement la vie. C’est court, tellement court, la vie. Tout ce qu est bon passe très vite. Si vite…

Propos recueillis par ©Serge Bressan

>A lire : Maria sans Pacôme. Fiction autobiographique, de Maria Pacôme. Le Cherche Midi, 228 pages, 17 €.

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